Hier, on m’a posé la question “ Justine, tu avais des complexes avec ton corps ? Comment tu as fait pour l’aimer ?” Je me suis dit que j’allais parler de mon parcours pour vous dire comment j’avais fait 🙂
C’est un sujet que je connais bien, j’ai commencé mon 1er régime à l’âge de 10 ans, le poids était un vrai sujet dans ma famille et j’avais bon appétit mais pas de surpoids apparent à l’époque. Je me rappelle qu’à cette époque là, le poids était un sujet omniprésent que ce soit dans ma famille, à l’école, à la télévision où il y avait même des émissions sur les mannequins qui devaient monter sur la balance et qui se faisaient engueuler si elles avaient pris 20 g , je me rappelle encore essayer de ne rien manger pour faire comme elles.
Depuis cet âge là jusqu’à mes 23 ans, j’ai enchaîné les régimes, j’ai essayé pratiquement toutes les techniques possibles, je perdais alors beaucoup de poids, puis je reprenais le double, vous connaissez bien les ravages des régimes et l’effet Yoyo assuré, mais au delà du corps en tant que tel, ça avait eu aussi des conséquences sur l’image que j’avais de moi, sur mon estime de moi, j’avais encodé que moi Justine, à cause de ce fardeau du poids, je ne pourrais jamais être acceptée comme je suis et donc que je ne serais jamais aimée. Bon bien sûr c’était un raccourci que l’enfant/adolescente que j’étais, a fait dans sa tête mais cette façon de pensée était bien là au fond de moi, j’avais même mis le poids comme identité, je me définissais comme ça.
Puis est arrivé ma grossesse et là niveau rapport au corps on est en plein dedans, j’avais déjà repoussée l’idée d’être enceinte pendant plusieurs années car “je voulais pas être enceinte et grosse” mais c’est arrivé, car à chaque fois je me fixais des objectifs et je n’arrivais plus à les atteindre car trop fatiguée de tous ces régimes et de la charge mentale qui allait avec. Pendant la grossesse, le corps change et on y peut rien, c’est plus vraiment nous qui contrôlons notre corps, j’avais tout le temps faim, j’étais fatiguée comme pas possible, les 3 premiers mois c’était la tête dans la cuvette des toilettes tous les matins, chaque mois c’était la pesée sur la balance du gynéco qui parfois me faisait la grimace …
Puis est arrivé l’accouchement, un accouchement déclenché, 10 h après une césarienne d’urgence qui me tombe sur le nez. Et là, moi qui avait détesté mon corps toute ma vie, à insulter mon bourrelet de ventre chaque matin devant la glace, j’ai compris que je ne maitrisais pas mon corps mais que même si je le détestais il était en train d’abriter la personne que j’aimerai le plus au monde dans ma vie. Accouchement compliqué, violent psychologiquement pour moi, et physiquement car une césarienne c’est quand même le fait d’inciser plusieurs couches de ton ventre mais là t’as pas le choix, tu dois mettre de côté la tristesse de pas avoir eu d’accouchement naturel et remettre ton corps à la bonne place : c’est lui qui va sauver la vie de ton enfant, alors tu lui dois du respect.
Puis mon fils est né, pendant plusieurs mois c’était très compliqué, déjà après l’accouchement, il y a eu l’allaitement qui a été un echec total, alors j’en voulais à mes seins cette fois-ci de pas bien faire le job, la culpabilité me rongeait, je voulais tellement faire les choses bien …
Puis t’as la première douche après l’accouchement, où tu découvres ce ventre vide qui pendouille avec des vergetures partout, toi avec une tronche où on pourrait penser que tu reviens de la guerre …
Mais l’AMOUR m’a sauvé. Parce que j’ai réalisé pendant cette période là, de la chance que j’avais eu d’avoir un corps aussi fort pour supporter tout ça, pour m’avoir permis de mettre au monde l’amour de ma vie, celui qui a joué aussi un grand rôle dans l’amour que je me porte pour moi aujourd’hui.
On est pas habitué à ressentir l’amour en pleine tronche comme ça, mon fils m’a appris ça et j’ai commencé à apprécier mon corps, pas parfait du tout, certes, mais j’ai dit merci à mon ventre de l’avoir porté, j’ai dit merci à mes seins d’avoir nourri comme ils ont pu mon enfant, mes bras d’avoir pu porter mon fils, à mon dos qui a su porter en écharpe toute la journée un bébé, j’ai dit merci à mes jambes de m’avoir soutenu, j’ai dit merci à chaque partie de mon corps et je leur ai donné une fonction : donner de l’amour à mon enfant.
J’ai commencé à prendre cette habitude de bien me parler, d’arrêter de me maltraiter à coup de régimes. J’ai arrêté de m’insulter et j’ai pris l’habitude de me regarder dans les yeux dans la glace et de me dire Je t’aime Justine, ces petits mots doux petit à petit ont réparé l’image que j’avais de moi. On pourrait penser que c’est en changeant de physique qu’on va aimé son corps , moi ça a été l’inverse c’est en lui donnant de l’amour peu importe mon poids, mes vergetures … que j’ai vu mon regard sur moi changer. Quand je me vois en photo je ne pleure plus pendant 3 heures, je ne reçois plus aucune critique sur mon physique depuis que moi j’ai validé sa beauté , j’ai arrêté de faire des crises de boulimie, j’ai arrêté de faire 3 h de sport par jour … En fait pour bon nombre de complexes ou de “défauts” qu’on pense avoir et qui nous pourrissent la vie, il y a pour moi un magnifique remède : l’AMOUR.
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